Challenge AZ : K

Karr, Alphonse

On continue notre balade dans Nice et on s’interroge sur Alphonse Karr. Pourquoi cet homme de lettres a donné son nom à cette rue? Qui était-il et quel est son lien avec la ville?

Source : Portrait d’Alphonse Karr, estampe, auteur Célestin Nanteuil, éd. Chez Aubert, Paris, 1838.

Jean Baptiste Alphonse Karr (1808-1890) est un écrivain, journaliste et moraliste français au parcours aussi riche qu’original. Fils du compositeur Henri Karr, il étudie au collège Bourbon à Paris avant de se tourner vers la littérature. Son premier roman, Sous les tilleuls (1832), rencontre un grand succès et lance sa carrière. Esprit vif et plume acérée, Karr devient rédacteur en chef du Figaro et fonde la revue satirique Les Guêpes, où il dénonce avec humour les travers de son époque.

Source : Les Guêpes, Alphonse Karr, 01/11/1839, Paris

Auteur romantique proche de Victor Hugo, il est aussi un observateur passionné de la société, de la nature et des mœurs. Sa vie est ponctuée d’amitiés littéraires, de polémiques et de changements de cap. Après des années parisiennes mouvementées, il quitte la capitale pour séjourner un temps en Normandie, notamment à Étretat et à Sainte-Adresse, où il trouve déjà refuge dans la nature et l’écriture. Puis, cherchant plus de calme encore, il s’installe dans le Sud, à Nice, où il entame une nouvelle vie, plus proche de la terre et des fleurs.

Il arrive à Nice en février 1854, après avoir quitté sa maison normande de Sainte-Adresse. Dans ses propres mots, il raconte : « Je me décidai pour Nice, où je découvris une petite maison au centre d’un très grand jardin, quelque chose comme un bois d’orangers. [...] Il n’y avait pas de fleurs à Nice ; Nice se contentait de la flore sauvage. » (Le Livre de Bord, 1880). Installé dans le quartier Saint-Étienne, à la villa Bermond, il se lance dans la culture des fleurs et des légumes, important graines et variétés de toute l’Europe.

Source : Etablissement horticole d’Alphonse Karr, d’après les croquis de Jacques Guiaud, estampe parue dans L’Illustration, 5/02/1859, vol. 33, n°832

Son jardin devient vite un véritable laboratoire botanique. Comme le rapporte Auguste Burnel en 1857, Karr introduit à Nice le chou de Bruxelles et l’asperge, alors inconnus sur les marchés locaux. Très vite, il ouvre au centre-ville une boutique, « Alphonse Karr, Jardinier », située place du Jardin public (aujourd’hui près du jardin de l’Arménie), où il vend bouquets et produits frais. L’entreprise, fondée en 1857, attire curieux et élégantes hivernantes.

Source : Dépôt de fleurs d’Alphonse Karr au Jardin public de Nice, d’après les croquis de Jacques Guiaud, estampe parue dans L’Illustration, 5/02/1859, vol. 33, n°832

Son activité connaît un grand succès : des guides de voyage et journaux européens citent son jardin et sa boutique, et ses fleurs de Nice, roses, violettes, iris, anémones, s’envoient jusqu’à Paris et dans toute l’Europe. En véritable pionnier, il participe à la renommée florale de la Côte d’Azur et inspire, par son amour des plantes, la naissance de la première « Bataille des fleurs » du Carnaval de Nice.

Source : Calèche décorée pour la bataille de fleurs avec des passagers; AM Nice, Fonds Masséna, Album, 1925-1930, BMM ALB 12-17

En 1865, les travaux de la gare de Nice contraignent Alphonse Karr à quitter sa propriété de Saint-Étienne. Il s’installe alors à Saint-Raphaël, où il poursuit sa passion du jardinage tout en continuant à écrire. Il y mène une existence paisible, entouré de sa famille et de ses fleurs. C’est là qu’il s’éteint en 1890, à l’âge de 81 ans, dans sa villa joliment nommée Maison Close. Son esprit, plein d’humour et de curiosité, comme son amour de la nature, continuent de fleurir dans la mémoire niçoise et sur la rue qui porte désormais son nom.

Source : Delcampe.net

Retracer le parcours d’Alphonse Karr, c’est s’intéresser à la façon dont un individu laisse une trace dans un lieu et dans l’histoire locale. Par ses écrits, son engagement et son activité à Nice, il a contribué à façonner une part de l’identité de la ville. Connaître des figures comme Alphonse Karr permet de replacer les histoires familiales dans un cadre plus large, celui de la mémoire collective.

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