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Sources

Les sources sont indispensables à toute démarche sérieuse. Tout document, témoignage permet d’établir un fait : une naissance, un mariage, un lieu de vie, une profession… Sans source, pas de preuve et sans preuve, pas de généalogie fiable. C’est pourquoi il est essentiel d’apprendre à reconnaître et utiliser les sources afin de progresser dans les recherches.

Il y a tout d’abord les “papiers familiaux”, ces éléments souvent modestes mais chargés de sens, qui nous mettent en mouvement : une photo glissée dans un album représentant une personne inconnue, une lettre retrouvée au fond d’un tiroir, un message conservé dans le portefeuille d’un proche disparu… Ce sont les premiers documents à garder précieusement. Car si tout semble flou au début, ces traces intimes permettront bientôt de raccorder quelques pièces du puzzle familial.

Source : Livret de travail d’Albina Vodnik

Ces premiers indices, à la fois sensibles et intrigants, constituent le point de départ de l’enquête. Mais dès que la recherche s’organise, il devient essentiel de distinguer la nature des sources que l’on consulte. En généalogie, toutes les informations n’ont pas le même poids ni la même fiabilité.

On distingue les sources primaires, c’est-à-dire les documents originaux créés au moment des événements : actes d’état civil, registres paroissiaux, actes notariés, registres militaires. Ce sont les plus solides, même si elles peuvent parfois comporter des erreurs.

Les sources secondaires reposent sur une transmission indirecte : arbres publiés en ligne, généalogies déjà faites, témoignages familiaux. Elles peuvent être utiles pour orienter une recherche, mais doivent toujours être vérifiées.

Source : Fiches alphabétiques des commerçants de Cannes, AD06, Tribunal de commerce de Cannes, 497 W 27/14.

Enfin, il existe de nombreuses autres sources complémentaires : recensements, listes électorales, cadastre, presse ancienne… Elles permettent d’enrichir l’histoire familiale et de confirmer (ou d’infirmer) certaines hypothèses.

Chaque source doit être examinée avec attention et constamment interrogée. On pourrait croire que les documents les moins fiables sont les arbres publiés en ligne, sur Geneanet, Filae, etc… et il est vrai que beaucoup d’entre eux manquent de références précises, ou se contentent d’indiquer que l’information provient de “M. Machin”. Pourtant, même les documents administratifs, pourtant considérés comme solides, peuvent comporter des erreurs. Certaines sont corrigées : on trouve par exemple, dans un acte de mariage, la mention qu’un nom de père ne correspond pas à celui indiqué dans l’acte de naissance d’origine et qu’il a été rectifié. D’autres erreurs, en revanche, passent inaperçues, et c’est alors à nous de recouper les informations avec d’autres pièces pour confirmer qu’il s’agit bien de la même personne.

Source : Photo personnelle de papiers aux archives départementales des Alpes-Maritimes.

Il est également essentiel de s’interroger sur l’origine du producteur de la source et sur la période à laquelle elle a été créée. La fiabilité d’un document dépend parfois du contexte politique ou social dans lequel il a été produit, surtout lorsque les événements sont récents ou sensibles. Certains régimes ont pu masquer, modifier ou censurer des informations. Par exemple, il reste difficile d’obtenir des données fiables concernant des événements survenus durant la période communiste en Slovénie. Ce n’est que très tardivement que certaines réalités émergent : en 2009, par exemple, 726 corps ont été exhumés de la mine Barbara rov, à Celje, plus de soixante ans après que des opposants au régime communiste avaient tenté de fuir vers l’Autriche.

Il est donc primordial de rester en vigilance constante : questionner chaque information, remettre en cause ce qui semble trop évident et, surtout, croiser les sources. Rien ne doit être pris pour argent comptant. En généalogie, une seule source ne suffit presque jamais. Chaque document apporte une pièce du puzzle, mais c’est leur confrontation qui permet d’éviter les erreurs et de renforcer la fiabilité des découvertes. Une date relevée dans un acte d’état civil peut être confirmée, ou corrigée, par un recensement. Un lieu mentionné dans un acte de mariage peut prendre tout son sens lorsqu’il apparaît aussi dans un registre militaire. Ce travail de recoupement est la garantie d’une recherche solide, cohérente et rigoureuse, et c’est lui qui donne toute sa valeur à l’enquête généalogique.

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