Challenge AZ 2025 : D

Divorce

L’histoire du divorce en France reflète l’évolution de la société, entre morale religieuse, liberté individuelle et droits civils. Pratiqué librement dans la Rome antique, il disparaît peu à peu sous l’influence de l’Église, qui impose au XVIᵉ siècle l’indissolubilité du mariage. À la fin de l’Ancien Régime, les philosophes des Lumières défendent l’idée d’un mariage civil pouvant être rompu. La Révolution française concrétise cette vision avec la loi du 20 septembre 1792, qui instaure le divorce au nom de la liberté individuelle.

Cette avancée est de courte durée : le Code civil de 1804 en restreint l’accès, puis la Restauration abolit totalement le divorce en 1816, jugé contraire à la religion et à la stabilité sociale. Il faut attendre 1884 et le député Alfred Naquet pour que le divorce soit rétabli, d’abord pour faute, puis progressivement élargi au XXᵉ siècle. De la loi de 1975 à celle de 2004, le divorce se banalise et se simplifie, reflet d’une lente évolution des mentalités.
Pour le généalogiste, cette histoire juridique éclaire bien des situations familiales : séparations silencieuses, remariages impossibles ou veuvages « arrangés »… autant de réalités que les archives laissent entrevoir derrière les actes.

Retrouver la trace d’un divorce peut cependant s’avérer complexe, surtout avant le XXᵉ siècle. Les mentions marginales portées sur les actes de mariage (depuis 1886) et de naissance (depuis 1939) sont souvent la première piste : elles précisent la date et le tribunal ayant prononcé le jugement. Les actes de décès peuvent aussi indiquer une séparation (« divorcé(e) de… », « époux(se) de… »).

Ces mentions ne sont toutefois qu’un point de départ. Pour comprendre le contexte, les causes ou les conséquences d’un divorce, il faut se tourner vers la source principale : le jugement lui-même.

Les jugements de divorce sont conservés une trentaine d’années par les tribunaux avant d’être versés aux Archives départementales, dans la série U. Pour les retrouver, il faut connaître la date et la juridiction compétente ; certaines archives disposent de répertoires alphabétiques facilitant la recherche. Ces décisions sont communicables au public, mais les motifs du divorce restent soumis à des délais de 75 à 100 ans (selon la présence de données intimes ou de mineurs). En revanche, les divorces par consentement mutuel sont librement consultables.
Ces dossiers constituent une source précieuse, révélant au-delà des simples actes des fragments de vies conjugales, de conflits familiaux et de contextes sociaux que l’état civil évoque à peine.

C’est justement dans ce type de document que j’ai retrouvé l’histoire singulière d’un couple dont le divorce illustre à merveille la complexité des relations familiales en 1918.

Ces documents, librement consultables aux Archives départementales des Alpes-Maritimes (3 U 1/269), ont été reproduits ici avec quelques précautions : j’ai choisi de masquer les noms afin de préserver la vie privée et la mémoire des familles concernées.

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